ZED L'épine

ZED L'épine
« Les États-Unis d'Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. »

lundi 25 avril 2011

jaunes,les nonnes.

Me suis toujours demandé pourquoi des nanas parfois pas mal girondes rentraient dans les ordres.Pourquoi elles "se donnaient" à Dieu.Par quels cheminements obscurs leurs désirs d'être totalement asservies évoluait.
Il y a la foi,évidemment.La foi inébranlable qui me sidère.Comment peut-on croire en quelque chose qui est,pour l'heure,complètement virtuel? Comment,par quel procédé métaphorique la pensée peut-elle se soumettre à une donnée abstraite? Autrement dit comment l'esprit peut-il se soumettre à une entité virtuelle?
J'avais assisté il y a fort longtemps à une messe de minuit en compagnie de ma mère,dans l'église de notre village.J'avais il me semble 5 ou 6 ans,et les souvenirs qu'il m'en reste son confus.Néanmoins,je garde à l'esprit l'apparition en pleine liturgie d'une armée de nonnes se signant avec force et détermination,avec sur les lèvres le mouvement des chants et des prières qui ne les quittaient jamais.Ils n'étaient apparemment pas attendues,les villageois présents ce soir là avaient l'air tout aussi surpris que nous l'étions,ma mère et moi,du haut de ma prime enfance.Mème le curé qui en voyait bien d'autre-il n'était pas le dernier,entre nous,à lever le coude et à se débarrasser de sa soutane quand l'appel du corps était plus fort que l'appel du ciel-avait pris cet air qui dénote chez certains un questionnement stupéfait.
Elles étaient venues en congrégation à la demande du maire de la ville d'à côté ( t'as pas besoin de savoir son nom,on s'en fout) pour célébrer une messe liturgique et chanter quelques cantiques dont elles avaient le secret.
Je dois dire qu'elles m'impressionnaient,et en même temps j'avais envie de me jeter dans les bras de la petite dernière,jolie comme un coeur,avec une petite frimousse qui aurait fait fondre n'importe quel démiurge,je me rappelle de ses deux grands yeux,immenses,bleus très clair,qui lui mangeaient la moitié du visage,et ce regard de biche apeurée et implorant,avec constamment un léger sourire qui confirmait le degré de béatitude dans lequel elle était plongée,j'étais,je dois dire, tombé follement amoureux d'elle,avec mes six ans et mon bon sens d'enfant qui ne se posait pas d'autres questions.
La messe terminée,après quelques salutations avec la bourgeoisie du crû,nous nous apprêtâmes à repartir pour notre logis où le père,athée et communiste convaincu,nous attendais,l'estomac en berne,pour découper la sempiternelle dinde qui trônait désormais sur la table en compagnie de quelques pommes de terre et d'improbable marrons que nous dussions plutôt appelés châtaignes.
C'est alors que la magie de ce soir de noël fit son entrée,sous les traits magnifiques de cette jeune nonne qui,je l'apprendrais bien plus tard,s'appelait Pauline et avait succombé à la tuberculose dans son couvent,les yeux ouverts en direction de  celui à qui elle avait donné son âme.J'étais,il me semble,le plus jeune enfant présent ce soir là,et je la vis se diriger vers moi,un sourire immense aux lèvres,elle irradiait à cet instant précis un amour dont l'intensité me fit venir des larmes de bonheur,elle me prit dans ses bras et baisa mes deux yeux,en murmurant "soit bénit,soit bénit..."
Je ne saurais jamais pourquoi elle a prononcé ces paroles.Je me souviens seulement que je pleurais à chaudes larmes,j'étais envahis d'un bonheur immense,et dans les hoquets qui succédaient aux larmes,je lui disais merci...J'espère que son âme,si pure,est désormais en totale communion avec celui à qui elle l'avait donnée.Et je me dis que si elle est partie si tôt,c'est sans doute parce que sa grâce et sa beauté n'avaient rien à envier à son âme,ils étaient tous deux en parfaite harmonie,et Dieu crût bon de la rappeler à lui, pour ne pas laisser ce petit animal innocent dans ce monde ou la perversion cède parfois la place à la barbarie...







A demain,si ce dernier daigne venir...

3 commentaires:

  1. ohhh, très émouvant, vraiment;))

    La seule chose que je peux dire concernant "l'abstinence de chair" exigée par l'église catho, c'est que ce n'est absolument pas donné à tous le monde, et c'est là, tout le drame ..Rare sont les humains capables de maîtriser sans problème leurs pulsions...Que de vies gâchées...
    Nous n'en sommes plus à un non sens près...
    Bonne journée;))

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  2. ouais...ce qui me déprime,c'est de ne toujours pas avoir compris pourquoi elle m'avait choisi...J'ai pas été un exemple de "probité",loin s'en faut,alors le destin me promet peut-être quelque chose d'autre? Va savoir...En tout cas,je penses souvent à elle,est-ce qu'elle pense à moi?

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  3. "ouais...ce qui me déprime,c'est de ne toujours pas avoir compris pourquoi elle m'avait choisi...J'ai pas été un exemple de "probité",loin s'en faut"
    J'ai vécu une histoire similaire (toi, une nonne, moi, une vieille demoiselle pieuse), et bientôt 40 après, je me pose la même question du pourquoi...Peut être n'allons nous pas tarder à le savoir ?

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