ZED L'épine

ZED L'épine
« Les États-Unis d'Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. »

vendredi 8 avril 2011

l'art exquis.(et brigitte fontaine...)

Le carton d'invitation me spécifie clairement que je suis invité à l'exposition de peinture dont je suis l'invité d'honneur.Chouette.Je vais pouvoir regarder mes toiles.
Alors une expo,ça commence par le vernissage.Autrefois,cela consistait à enduire les peintures d'une couche de vernis,juste avant l'exposition proprement dite.De nos jours cela consiste 1) aux responsables de l'expo à se remercier mutuellement; 2) à remercier les élus qui ont daignés donner de leur personne (hautement exposable à leurs yeux) ;3) aux rombières emperlousées de se gaver de petits fours; 4) aux matuvus de se donner de l'importance(spectacle pitoyable ou cocasse) ; et 5) aux lappeurs du coin -dont le gosier affiche une déclivité éminemment puissante- de se jeter ardemment du liquide euphorisant afin d'atteindre,selon leur conception,le nirvana éthylique.
Ensuite,lorsque l'orgie verbiale et le remplissage gastro-oesophagien se calme,on se congratule entre peintres,entre spectateurs et peintres,entre spectateurs et spectateurs.Quelques paroles piochées au hasard de ma déambulation picturale: j'adôôôôre ce que vous faites! Vous mettez combien de temps pour faire ça?  ah le rouge là,il va bien avec le bleu! votre visage me fait penser à la fille de serge G.,non? ceci pour les discussions les plus élémentaires.Mais certains expliquent la peinture au peintre qui,lui,l'a créé, en lui soumettant moults détails que le peintre est à cent lieu d'avoir imaginé...Et tu as ceux qui touchent...Généralement des individus crétins,fats,suffisants,qui ne connaissent ni d'ève ni d'adam le premier concept de l'art pictural,et osent poser avec concupiscence leurs gros doigts boudinés sur la toile que tu t'es fait chier à créer.
Puis vient l'heure de rentrer dans la tanière,madame a préparé une mousse de thon aux fines herbes,la rombière qui ressemble à un sapin de noël ne veut pas rater le énième épisode de "quand mes couilles auront des ailes",  le retraité libidineux qui se faufile en douce derrière les dames pour se frotter la nouille sur le postérieur rebondit de la secrétaire de mairie ne pense qu'à l'épisode du soir sur canal où les paroles sont superflues et donc inexistantes.Parfois,en de très rares occasions,j'ai rencontré des personnes véritablement intéressantes.A l'image de cet homme,passant totalement inaperçu,et voulant selon toute vraisemblance rester anonyme,avec qui j'ai échangé des paroles cohérentes et des idées qui n'avaient rien à voir avec les échanges de paroles gonflées de vide du commun des mortels présents dans la salle.Nous échangions des images de l'art qui à nos yeux avaient une importance picturale décisive,et nos propos,lorsqu'ils étaient captés par une oreille mal dégrossie,ne tardaient pas à la faire fuir,le langage que nous employions était pour cette oreille celui du notaire en manque de liquidité et prompt à soutirer,moyennant des mots incompréhensibles,un max de thunes à la rentière affalée dans le fauteuil en cuir de russie...
La remise des prix est tout  aussi percutante.Chacun lâche quelques chapelets de pets en douce,les boyaux, torturés par l'émotion, aidant à cette opération de dégazage intempestif et odorant,les aplaudissements hypocrites lorsqu'un aquarelliste se voit remettre le prix du meilleur paysagiste,mon dieu on dirait une photo,mais comment que vous faites,le prix du meilleur peintre à l'huile,pour sa peinture qui représente (mais faut bien regarder,pendant une où deux heures,et selon un certain angle) la tonte des gnous en fin de saison dans les îles du sud.Et le prix du public,celui qui par essence est le plus démocratique,donc le plus apprécié,qu'on remet avec emphase et moults courbettes,bravo vous avez gagné une figurine en pâte à pain faite à la maternelle par les élèves de madame trouduc,directrice par intérim.
Bref,les expos,ça me fait chier.



 

au fond de mon terrain...
    

 

y'a du bouleau les gars...

Je vais à présent serrer la paluche à cette tarlouze de morphée,y'a pas idée de porter un nom pareil...
Morgen,wenn der tag kommt...

3 commentaires:

  1. hahahaha les maudits vernissages !!! je pense que c'est là que j'ai rencontré les gens les plus tarés et imbus d'eux même...à gerber !!
    merci pour le fou rire jean_yves !! hahahahaha plus ça change et plus c'est pareil !

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  2. Wenn der Morgen kommt sind wir verloren si je me souviens de mon allemand..
    t'as le choix.. si tu veux que tes peintures acquierent une "valeur", c'est le schéma, pas de culpabilité, pas de fausse émotion ou d'emmerdement, tu connais la chanson, t'assumes le temps que ça dure, et ça te permet de faire ce que tu aimes, cynisme en prime, tel est le systéme .. tu pourrais même, en changeant ton focus, y trouver quelque chose de drôle... ou tu te la joues artiste déchiré et tu restes au niveau critique de ton environnement, donc tu refuses d'exposer donc t'échappes à ce cirque, donc tu ne vends aucune toile...
    Reste la dernière solution..qu'on gagne 56 trilliards au loto ( auquel on ne joue pas) et qu'on t'achétes toute ta production passée et à venir ( sur les 89 prochaines années en exclusivité) , mais bon ....

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  3. ouais,t'as raison...Mais j'arrive pas à jouer les hypocrites...Je peux pas me dresser sur mes ergots devant mes peintures comme j'en ai tant vu,mais bon,je peux vendre,ça m'arrive des fois...
    En fait,le texte était une "satire" que j'ai néanmoins vécu,mais ça va,je me marres plus que je m'emmerde!
    excuse mon allemand,c'est pas trop mon trip...
    a+ marc!

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